Il y a quelques semaines, des politiciens valaisans ont utilisé intensivement un des tests disponibles sur le site idrlabs.com (https://www.lenouvelliste.ch/articles/valais/canton/le-test-politique-qui-fait-le-buzz-en-valais-736422). Or, il s’avère que ces tests prétendument scientifiques et disponibles gratuitement, génèrent de nombreuses interrogations, qui doivent inciter à la prudence.
Après une petite enquête online, il apparaît que le détenteur de ce site a pris des mesures visant à occulter son identité. Il a fait appel, à cet effet, aux services d’une société spécialisée sise aux Bahamas. À cela s’ajoute le fait qu’une demande de contact et d’information est restée lettre morte. Une démarche peu transparente donc.
La lecture de la notice consacrée à la protection des données est également instructive. L’exploitant, dont on ignore au demeurant tout, indique collecter votre adresse IP, ce qui signifie déjà qu’il dispose d’une donnée personnelle qui, corrélée avec d’autres, va permettre de dresser un profil. Car c’est ainsi qu’il va gagner sa vie. Le site indique que vos données demeurent privées et qu’elles ne seront pas partagées avec des tiers, tout en concédant participer au programme publicitaire d’Amazon !
Vous objecterez certainement que les informations collectées sont anodines et qu’elles ne permettent pas de vous impacter, ni de vous influencer.
Eh bien vous avez tort. La récente affaire Cambridge Analytica permet de constater que l’un des moyens visant à influer sur le vote de citoyens aux États-Unis a précisément consisté à les inviter à participer à des tests de personnalité (et à consentir au traitement des données de leurs amis qui n’avaient rien demandé) … (https://www.franceinter.fr/societe/pourquoi-vous-ne-devriez-pas-cliquer-sur-ce-test-de-personnalite-sur-facebook).
Ces données seules ne permettront certes pas encore de définir une action en termes de marketing politique notamment. Mais elles y concourent assurément et pourraient à l’avenir être vendues à des personnes animées d’intentions peu recommandables dont la tâche serait facilitée par votre contribution non intentionnelle. En clair, vous leur offrez donc gracieusement l’opportunité de vous influencer efficacement.
En outre, vous exposez vos amis à des traitements qu’ils n’ont pas sollicités.
Notre conseil :
La plus grande prudence s’impose avant de consentir aux traitements opérés par ces responsables du traitement fort discrets.
Réécoutez l’interview de Jean-François Henrotte par la RTBF au sujet de l’affaire Cambridge Analytica (à partir de 0:58) : http://www.rtbfradioplayer.be/radio/liveradio/lapremiere?rpAodUrl=http://rtbf-pod.l3.freecaster.net/rod/rtbf/geo/open/b/b86QpJYhwD.mp3&rpSt=10&rpSrp=1.0
Cet article a été rédigé avec Me Sébastien FANTI, avocat-associé de Lexing Suisse.
